23 janvier 2009

Premiers licenciements massifs chez Microsoft

Le numéro un mondial des logiciels a annoncé hier un plan de rationalisation important assorti de 5.000 suppressions d'emplois touchant la plupart des activités du groupe. Rattrapé par le ralentissement des ventes de PC, le groupe a vu son bénéfice net reculer de 11 % sur les trois derniers mois de 2008.

Nous allons supprimer jusqu'à 5.000 emplois dans les départements R&D, marketing, vente, finance, juridique, ressources humaines et technologies de l'information au cours des dix-huit prochains mois, dont 1.400 interviendront aujourd'hui », a annoncé hier matin le PDG de Microsoft, Steve Ballmer, dans un e-mail envoyé hier aux 96.000 salariés du groupe juste avant l'ouverture de Wall Street. Ce plan de restructuration est le plus important jamais engagé par la société de Redmond : il touchera 5 % de ses effectifs. Trois fois moins, certes, que ce que prévoyaient les rumeurs les plus alarmistes, qui tablaient sur 15.000 suppressions de postes (« Les Echos » du 16 janvier).

Mais cette saignée est sans précédent dans l'histoire du groupe créé en 1975 par Bill Gates et Paul Allen. En dehors de suppressions très éparses et ponctuelles opérées par le passé dans certaines divisions, Microsoft n'avait jamais pris une telle mesure. Même après l'éclatement de la bulle Internet. Il faut dire que la multinationale a vu ses effectifs augmenter de 50 % depuis 2005 et qu'elle a encore embauché 12.700 personnes au cours du dernier exercice.

Or le marché de la micro-informatique a marqué un net coup d'arrêt fin 2008 : sur les trois derniers mois de l'année, les ventes mondiales de micro-ordinateurs ont stagné (- 0,4 %), selon IDC, pour la première fois depuis 2001. Microsoft, dont les systèmes d'exploitation et autres logiciels sont installés dans plus de 90 % des PC, en a subi le contre-coup immédiat : d'octobre à décembre, période qui correspond au deuixème trimestre de son exercice 2008-2009, le groupe a vu son bénéfice net reculer de 11,3 %, à 4,1 milliards de dollars (3,2 milliards d'euros). Les profits du géant de Redmond restent évidemment confortables. Mais, sur la même période, le chiffre d'affaires de l'éditeur de Windows n'a progressé que de 1,6 %, à 16,6 milliards de dollars.
Pour retrouver une baisse de la rentabilité dans les comptes de Microsoft, il faut remonter à l'éclatement de la bulle Internet : au dernier trimestre de l'année 2000-2001, le bénéfice net de l'entreprise avait chuté de 97 %, mais pour des raisons purement financières (dépréciations d'actifs). On est encore loin d'une telle contre-performance. Mais sous l'effet conjugué de la crise économique mondiale et de la stagnation des ventes de micro-ordinateurs, Microsoft a décidé de prendre les devants. L'objectif pour le numéro un mondial du logiciel est de « réduire les dépenses annuelles d'exploitation de la société d'environ 1,5 milliard de dollars et [de] réduire les investissements de l'année fiscale 2009 de 700 millions de dollars ». Pour certains observateurs, il était temps de réagir : « J'espérais qu'un leadership intelligent et réfléchi aurait compris il y a longtemps déjà que nous avons doublé nos effectifs beaucoup trop rapidement. Au lieu de quoi nous avons laissé l'orage de la crise économique mondiale nous malmener et nous voici en mode réactif. Microsoft peut faire mieux que cela », écrit l'auteur du blog Mini-Microsoft, un employé du géant du logiciel qui ne fait manifestement pas partie de la charrette de licenciements.

« Le chiffre d'affaires clients [logiciels] décline de 8 % en raison de la faiblesse du marché des PC et du basculement vers des «netbooks» à prix réduits », a reconnu le groupe, en commentant ses résultats trimestriels. En revanche, les revenus des contrats annuels liés aux serveurs et à la maintenance augmentent de 15 % et ceux des appareils de divertissement, comme la console de jeux Xbox 360, de 3 %. « Alors que nous ne sommes pas immunisés contre les aléas de l'économie, je suis confiant dans la force de notre gamme de produits et dans la justesse de notre approche », a indiqué Steve Ballmer dans le communiqué des résultats. D'ailleurs, le PDG de Microsoft a précisé dans son mémorandum que le groupe procédera à des embauches d'ici à 2010, qui ramèneront à terme les suppressions nettes à 2.000 ou 3.000 emplois.

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